4/ La décomposition de la mouvance française (1979-1984)

 

 

 

 

L’effondrement

 

A partir de 1980, la mouvance autonome entre en France dans une longue phase de décomposition. Le mouvement issu de 1977 a d’ores et déjà éclaté. Certains s’engagent dans la lutte armée, au sein d’Action Directe. Camarades n’existe plus. Parmi les militants qui en sont issus, d’autres suivent Yann Moulier dans le mouvement alternatif. A l’OCL, le groupe parisien quitte l’organisation et évolue vers l’anarcho-syndicalisme. Les membres de Marge se dispersent au même moment. Il ne reste donc plus grand chose de l’Autonomie parisienne. La mouvance des années 80 ne se réduit presque plus qu’à un ensemble de squats. A l’exception des militants d’Action Directe, la plupart de ceux qui sont issus du mouvement de 1977 quittent le mouvement à cette époque.

 

Cependant, on peut voir apparaître au même moment une seconde génération d’autonomes qui émerge des lycées et ouvre progressivement de nouveaux squats dans les quartiers de Belleville et de Ménilmontant. La mouvance du début des années 80 semble rassembler environ 200 personnes qui habitent ou fréquentent ces squats autonomes. Les concerts punks et les émeutes sont les principales activités. La mouvance se caractérise surtout par « une culture de la violence systématique » [1].

 

Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir et l’effondrement du mouvement social, le mouvement autonome semble condamné à disparaître. La mouvance survit cependant sous une forme groupusculaire jusque dans les années 90 [2]. Elle ne disparaît pas mais se décompose, c’est-à-dire qu’elle se disperse et tend à rassembler de moins en moins d’individus (probablement entre une cinquantaine et une centaine de personnes à la fin des années 80). C’est le processus de cette décomposition qu’on étudiera en se concentrant sur la période comprise entre 1979 et 1984, ce processus semblant s’achever à cette date-là.

 

L’autodestruction

 

La « décomposition » d’un mouvement social et politique ne se limite pas à une simple baisse des effectifs. Le terme de décomposition sous-entend non seulement l’idée de dispersion, mais aussi celle de « pourrissement », de « dégénérescence ». La métaphore est donc biologique : on peut comparer la mouvance à un organisme dont les cellules sont en train de mourir. En poussant l’analyse au niveau des individus qui composent la mouvance, on peut constater que les différents témoignages convergent pour dire que beaucoup d’autonomes sont morts à cette époque :

 

« Le problème des totos, c’est qu’ils ont disparu ! Ils ont réellement disparu : beaucoup sont morts ! Ils sont morts ou ont disparu ! »

(Stéphane, squatter de Belleville)

 

« Il y a eu des disparitions… Il y a eu des morts… Il y a eu de la drogue… Il y a eu des morts violentes aussi… Marie a été assassinée par exemple… Quelques années plus tard, il y a Walter Jones qui s’est suicidé. Il y a un autre qui a dû se suicider aussi…Il y a quand même un taux important de mortalité, ça c’est clair…C’est des gens qui sont morts jeunes ! Maladies, suicide, assassinat… Enfin, toutes les morts quoi ! » (Nicole Fontan, Marge)

 

Cinq cas de mort violente peuvent être identifiés précisément au cours des années 80 : trois meurtres, un mort au cours d’une émeute (Alain Bégrand, à l’université de Jussieu, le 13 mai 1980), et un suicide (Walter Jones, ancien membre du groupe Marge). Les trois meurtres ont chacun des causes différentes : le premier résulte d’une fusillade lors d’un hold-up (30 mai 1980), le second est dû à un règlement de comptes entre autonomes (Patrick Rebtholz, le 12 décembre 1982), le troisième est une affaire privée (Marie, ancienne membre du groupe Marge). Sur les cinq morts, on a donc trois cas de violence politique et deux affaires privées.

 

Plus précisément, la décomposition de la mouvance relève de l’autodestruction. Cette « autodestruction » est à la fois sociale et biologique. On peut parler d’autodestruction sociale au sens où d’une part les individus passent de plus en plus de temps à s’affronter entre eux et où, d’autre part, une partie de ces individus se clochardisent, évoluent vers un parcours psychiatrique, ou se suicident [3]. On peut parler de dépérissement biologique au sens où le taux de mortalité naturelle bat des records exceptionnels pour une population dont les individus sont à peu près tous âgés d’une vingtaine d’années. Cette mortalité naturelle exceptionnelle s’explique par les comportements toxicomanes (alcoolisme et consommation d’héroïne en particulier) [4]. La clochardisation, la toxicomanie, les parcours psychiatriques et les suicides sont la conséquence de l’impasse sociale dans laquelle se situent les autonomes. Mais la question des affrontements internes est plus complexe.

 

Lorsque des individus se rassemblent dans un groupe social pour une raison précise, chacun accepte de s’entendre un minimum avec les autres membres du groupe. Mais lorsque disparaît la raison pour laquelle ces individus se sont regroupés, les conflits internes priment sur la cohésion du groupe : les individus ont tendance à se séparer et le groupe tend lui aussi à disparaître. Mais deux problèmes se posent alors : d’une part les modalités de la séparation, et d’autre part le problème de la tension qui peut exister avec la tendance du groupe à la cohésion.

 

Concernant les modalités de la séparation, on peut constater qu’il arrive parfois que des individus qui s’étaient regroupés pour une raison ou pour une autre se séparent de manière cordiale. Mais lorsque cette séparation recouvre un enjeu particulier, elle prend souvent la forme d’un conflit. C’est généralement le cas lorsqu’une scission se produit dans un parti politique : deux tendances s’affrontent par exemple pour conserver les locaux, la trésorerie, ou le nom du parti. Ce type de conflit peut se résoudre devant les tribunaux. De par son caractère extralégal, la chose est impossible pour un groupe autonome. La « culture de la violence systématique », pour reprendre l’expression d’un autonome, fait que la séparation entre les individus prend facilement chez les autonomes la forme d’un conflit violent.

 

Mais la tendance du mouvement à la cohésion ralentit le processus de décomposition, et fait que celui-ci dure plusieurs années. La tendance à la cohésion s’explique par des liens de solidarité et de convivialité. Les autonomes parisiens se reconnaissent entre eux et fréquentent les mêmes endroits. Ils se croisent chaque semaine dans les concerts punk. Le fait d’habiter un même squat et de s’organiser collectivement pour voler dans les supermarchés ou pour rentrer en force dans les salles de concert entraîne une solidarité de fait entre les individus[5]. La force de cette cohésion interne fait que la mouvance autonome survit jusque dans les années 90. Mais la tendance à la séparation fait aussi que les individus sont de moins en moins nombreux et que les groupes se divisent et s’affrontent violemment.

 

Des différents d’ordre idéologique se superposent à ces divisions. Au début des années 80, la mouvance parisienne se compose de trois tendances : les alternatifs, les « pro-Action Directe » (les autonomes au sens strict), et les situationnistes. Les autonomes accusent les alternatifs de réformisme et les situationnistes accusent la tendance pro-Action Directe d’ « alternativisme » [6]. L’escalade dans la violence aboutit en décembre 1982 à la mort de Patrick Rebtholz, qui est abattu d’une balle de revolver en attaquant le squat de la rue des Cascades.

 

Le témoignage de Bertrand illustre bien ce phénomène de dégénérescence de la mouvance :

 

« On a tous reproduit le mythe que la violence et l’illégalité pouvaient changer les choses, à partir des exemples du Pays basque et d’Amérique du Sud. L’Autonomie s’est complètement coupée de la réalité sociale en se focalisant sur la violence. C’était la violence pour la violence, même plus pour des raisons politiques mais seulement pour s’affirmer. Sur les squats où on était, pour la plupart on se réclamait même plus de l’Autonomie. Chaque groupe surenchérissait dans la violence pour intimider les autres. Dans les squats, la violence contre l’extérieur était rare : c’était surtout des bagarres à l’intérieur du squat. Dans le squat de la rue Piat, il n’y avait pas une nuit sans bagarre : surtout des disputes de couples… Le matin, il y avait du sang sur les murs… »

 

Un autre élément à prendre en compte est le phénomène de turn-over qu’on ne peut pas mesurer ici précisément mais dont on peut supposer qu’il contrecarre partiellement la décomposition de la mouvance. En effet, compte tenu de l’ouverture de la mouvance, on peut supposer que le renouvellement des effectifs se poursuit même durant la période de décomposition. A cet égard, la mouvance possède deux entrées : le milieu étudiant et le milieu du rock alternatif. Même au début des années 80, il existe encore un collectif autonome étudiant implanté à l’université de Tolbiac [7].

 

Teppisme et dépolitisation

 

La décomposition de la mouvance se caractérise aussi par un phénomène de dépolitisation qui reflète bien la dépolitisation générale de la société française des années 80. En octobre 1978, Le Nouvel Observateur invente le terme de « Bof Génération » pour désigner la génération des 13-17 ans de l’époque [8]. Cette enquête menée alors en partenariat avec la Sofres est l’occasion pour le journal de découvrir, dix ans après 1968, la dépolitisation de la jeunesse. Le fait de vivre en marge de la société n’empêche pas les autonomes d’être influencés par cette société, et d’être eux aussi touchés par ce phénomène de dépolitisation.

 

La dépolitisation du mouvement autonome a aussi cependant des origines d’ordre idéologique. En effet, la théorisation de l’illégalisme révolutionnaire tend à prôner le développement de pratiques illégales au détriment du discours politique. En pratiquant le banditisme révolutionnaire, les autonomes renouent avec la tradition de la bande à Bonnot et des « anarchistes-expropriateurs » argentins de l’entre-deux-guerres. Le banditisme révolutionnaire est à nouveau théorisé par les situationnistes italiens en 1969 [9]. Il est pratiqué en Espagne par le MIL (Mouvement Ibérique de Libération, dont fait partie Jean-Marc Rouillan) à partir de 1972. Le MIL associe alors une pensée d’ultra-gauche (c’est-à-dire se référant au communisme de conseils) à une pratique autonome. A travers le parcours de Jean-Marc Rouillan au sein du MIL, puis des GARI (Groupes d’Action Révolutionnaire Internationaliste), et enfin d’Action Directe, on peut observer une forme de banditisme révolutionnaire qui évolue de l’ultra-gauche à l’Autonomie, puis de l’Autonomie à l’anti-impérialisme. Mais la pratique du vol à main armée reste, tant chez le MIL, les GARI, ou Action Directe (AD), une pratique politique. L’action du MIL, des GARI, et d’AD, ne se limite pas au banditisme. Elle s’accompagne d’un discours politique. Elle s’accompagne aussi en outre d’activités plus spécifiquement politiques : activité éditoriale dans le cas du MIL, attentats dans le cas des GARI et d’Action Directe.

 

Mais progressivement, on voit apparaître dans beaucoup de groupes autonomes l’idée que ces formes d’illégalisme se suffisent à elles-mêmes : qu’elles n’ont plus besoin d’être accompagnées d’un discours politique. Ce phénomène peut s’observer tant en France qu’en Italie [10] et concerne aussi bien la pratique du squat que l’escroquerie (fabrication de faux chéquiers ou de faux billets de train), les autoréductions, le vol dans les supermarchés, ou le hold-up. Dans ces conditions, il devient difficile de distinguer un groupe autonome d’une simple association de malfaiteurs. Cette dépolitisation est théorisée comme un « dépassement de la politique », voire comme une « fin de la politique ». Le mouvement autonome devient alors un objet de confusion permanente où les protagonistes ne semblent plus savoir eux-mêmes si leurs activités relèvent de la politique ou de la simple délinquance. La frontière entre délinquance et politique a disparu, et d’une certaine manière le mouvement autonome pourrait être défini comme une fusion des deux. Cette fusion de la délinquance et de la politique rend parfois le mouvement autonome invisible, à tel point que beaucoup en concluent à sa disparition. Le mouvement autonome aurait pu réellement disparaître dans la délinquance apolitique s’il n’avait pas été alimenté par la permanence d’un discours politique, de plus en plus faible, mais malgré tout persistant même à la fin des années 80 [11].

 

Un autre aspect de la dépolitisation du mouvement autonome relève plus de la sphère culturelle, avec un mélange avec le mouvement punk. Bruno note à ce sujet :

 

« Jusqu’en 1984, il n’y avait pas de salles de concerts à Paris. Les groupes qui voulaient jouer venaient dans les squats. Les squats étaient les seuls endroits où il y avait des concerts. Dans cette période-là, les mouvements autonome et punk sont complètement imbriqués. Ca voulait aussi dire tout le monde avec une crête. Mais les gens qui étaient complètement punks n’étaient pas non plus dans ce milieu politique. Mais tous les gens qui étaient squatters, autonomes, étaient un petit peu punk. C’était deux trucs qui allaient de pair mais c’était pas une mode comme maintenant : c’était pas un uniforme, tu pouvais être punk et être habillé comme tout le monde, c’était une mentalité à l’époque. » [12]

 

 

Cette dimension culturelle du mouvement autonome n’est cependant pas nécessairement dépolitisante, comme le remarque Stéphane :

 

« Il y avait pas un concert qui donnait pas un truc politique. C’était de la musique contre les flics, contre l’armée, contre la prison, contre les patrons… » [13]

 

Le témoignage de Stéphane, qui faisait partie de la tendance post-situationniste [14], tend à expliquer la dépolitisation de la mouvance par un rejet des idéologies :

 

« On était vachement anti-organisations idéologiques, c’est sûr et certain : on aimait pas ça, on se méfiait vachement. D’ailleurs, on s’est peut-être trop méfiés, on s’est peut-être pas assez posés la question de l’organisation. Du coup, c’est sûr, il reste plus rien de l’Autonomie : rien, des individus ! De pensée, de structure, ou même d’histoire, il ne reste rien ! La mode était à pas signer… Ca c’était aussi les situs qu’avaient mis ça : un mélange de trucs comme ça, avec l’histoire éphémère, surtout pas se laisser accrocher par une récupération possible… »

 

 

Cette posture qui se présente comme « anti-idéologique » est la marque de l’idéologie post-situationniste qui caractérise le courant représenté notamment par les « Fossoyeurs du Vieux Monde » et « Os Cangaceiros ». L’Internationale Situationniste, fondé en 1957 par Guy Debord, est un groupe conseilliste, donc à la fois marxiste, communiste, anti-léniniste, et se référant à la démocratie directe et aux principes autogestionnaires des conseils ouvriers. Les situationnistes se distinguent des autres groupes conseillistes (comme notamment Socialisme ou Barbarie, dans les années 60) par une philosophie hédoniste et libertaire prônant l’abolition de la séparation entre travail et loisirs et accordant une grande importance à l’expression individuelle et à la dimension culturelle de la révolution. D’après Laurent Chollet, le passage du situationnisme au banditisme révolutionnaire doit être recherché dans le concept de « teppisme ». Ce néologisme français provient de l’italien « teppismo » qui est traduit en français par « banditisme » mais qui est également défini comme « l’action des « teppisti » (les « voyous », les « vandales »). « Teppismo » peut donc désigner n’importe quelle forme de délinquance. Pour Laurent Chollet,

 

« Le teppisme englobe dans un « confusionnisme éclairé » tout à fait volontaire les actes de délinquance ou de vandalisme politisés ou non. » [15]

 

D’après Laurent Chollet, ce concept de teppisme provient d’un groupe situationniste italien, l’Organizzazione Consigliare, fondé à Turin en 1969, dont la ligne politique peut être résumé par le slogan « Contre le capital, lutte criminelle », et qui donne naissance en 1971 au groupe « Comontismo » (autodissout en 1972). L’un des textes édité par l’Organizzazione Consigliare, Thèses sur le crime, est reproduit en français en avril 1979 dans le numéro 2 des Fossoyeurs du vieux monde. 

 

Un autre texte joue un rôle important dans l’origine idéologique de ce processus de dépolitisation : Le Militantisme, stade suprême de l’aliénation. La trajectoire de ses auteurs, Yann-Ber Tillenon et Dominique Blanc, représente un exemple extrême de confusion politique. Yann-Ber Tillenon et Dominique Blanc militent à partir de 1970 à la section jeunes du PSU, l’Organisation des Jeunes Travailleurs Révolutionnaires (OJTR). Très rapidement, l’OJTR est radicalement influencé par les thèses situationnistes. Le Militantisme, stade suprême de l’aliénation est publié en 1972 par l’OJTR dans la perspective de l’autodissolution de l’organisation (l’Internationale Situationniste s’autodissout d’ailleurs elle aussi la même année). L’autodissolution de l’OJTR aboutit donc à la création d’un groupe d’ultra-gauche (se référant au communisme de conseils) : « les Amis de Quatre Millions de Jeunes Travailleurs » (AQMJT). A partir de 1974, les AQMJT se rapprochent de La Vieille Taupe, un autre groupe d’ultra-gauche. Puis, à partir de 1977, les AQMJT participent au mouvement autonome.

 

 A la même époque, certains militants d’ultra-gauche commencent à développer des thèses négationnistes, niant l’existence des chambres à gaz dans les camps d’extermination nazis. Certains d’entre eux, comme Yann-Ber Tillenon et Dominique Blanc, participent au mouvement autonome. Cette évolution idéologique trouve son origine dans le rejet de l’antifascisme qui caractérise l’ultra-gauche. L’ultra-gauche considère en effet l’antifascisme comme une idéologie bourgeoise, le fascisme ne devant être combattu que sur des bases prolétariennes. C’est à partir de ce rejet de l’antifascisme que se fonde le négationnisme d’ultra-gauche, en s’appuyant sur un présupposé marxiste selon lequel le capital ne pourrait pas tuer des prolétaires sans chercher à les faire travailler. Après s’être engagés en 1979 dans le soutien à Robert Faurisson [16], Yann-Ber Tillenon et Dominique Blanc vont évoluer vers des positions clairement judéophobes avant d’abandonner la mouvance autonome au début des années 80 pour rejoindre l’extrême-droite dans la décennie suivante.

 

Au-delà de la confusion politique que révèle la trajectoire politique de ses auteurs, Le Militantisme, stade suprême de l’aliénation a laissé des traces profondes dans la mouvance autonome puisqu’à partir du début des années 80 le rejet du militantisme constitue l’axe politique majeure de la mouvance. Dans ce rejet du militantisme, il y a à l’origine la volonté situationniste d’abolir la séparation entre la politique et la vie quotidienne en participant à la lutte de classe sur la base de ses propres besoins. C’est sur ce principe que se fonde le teppisme en l’axant sur la délinquance et le banditisme. En 1983, la revue La Banquise résume l’impasse dans laquelle se trouvent les autonomes :

 

« La volonté de refuser le vieux monde dans tous les moments de la vie, isolée d’un mouvement social, verse immanquablement dans la marge plus ou moins clochardisée ou le terrorisme, ou dans leur synthèse : la délinquance à justification politique. S’il est exact que la politique et le militantisme se nourrissent de théorie dégradée en idéologie, le refus pur et simple de la théorie revient à se perdre dans l’immédiat, c’est-à-dire à se soumettre au capital qui l’organise, ou à mourir. » [17]

 

Le processus de décomposition de la mouvance autonome parisienne prend fin en 1984. A cette date, Action Directe rompt avec la mouvance pour évoluer vers des positions anti-impérialistes qui la rapproche de la RAF. Parallèlement, la mouvance s’inscrit dans une nouvelle dynamique, avec le mouvement des radios libres, qui lui permettra de survivre dans les années ultérieures. 

 



[1] Entretien avec Bruno (Collectif Prolétaire Territorial).

[2] Avec notamment la revue Quilombo (1988-1993) et le Réseau Autonome Parisien (RAP) créé en 1990.

[3] Entretiens avec Nicole Fontan (groupe Marge) et Bertrand (pseudonyme d’un squatter de Belleville).

[4] Entretiens avec Stéphane et Bertrand (pseudonymes de squatters de Belleville).

[5] Entretien avec Bruno (Collectif Prolétaire Territorial).

[6] Entretien avec Bertrand (squatter de Belleville).

[7] Le Collectif Autonome de Tolbiac (CAT) édite à l’époque le journal CAT Pages.

[8] Josette Alia, Marie Muller et Alain Chouffan, « La Bof Génération », Le Nouvel Observateur n° 727, 16 octobre 1978. Enquête menée en partenariat avec la Sofres auprès des jeunes âgés de 13 à 17 ans.

[9] Laurent Chollet, L’Insurrection situationniste, Dagorno, 2000, p. 228.

[10] Entretien avec Ugo Tassinari (Collectif Autonome Universitaire de Naples).

[11] Voir notamment la revue Rebelles (mensuel de l’Alliance des Prisonniers En Lutte, 1981-1993) et les journaux Les Fossoyeurs du vieux monde et Os Cangaceiros.

[12] Entretien avec Bruno (Collectif Prolétaire Territorial).

[13] Entretien avec Stéphane (squatter de Belleville).

[14] Cf. Jean-François Martos, Histoire de l’Internationale Situationniste, Ivrea, 1995 ; Christophe Bourseiller, Histoire générale de l’ultra-gauche, Denoël, 2003.

[15] Laurent Chollet, L’Insurrection situationniste, Dagorno, 2000, p. 228.

[16] Principal théoricien du négationnisme en France.

[17] « Le roman de nos origines », La Banquise n° 2, 1983, cité dans Laurent Chollet, op. cit., p. 239.